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10 mars 2006

Nouvelles statégies des écoles coraniques au Cameroun

Au Cameroun, de nouvelles écoles islamiques sortent de terre comme des champignons, vidant du coup les madrasas traditionnelles. Généralement mieux structurées, elles permettent à leurs diplômés de bénéficier de bourses d'étude dans des universités arabes.

_cole_coraniqueDans une salle mal éclairée d’une maison du quartier Etoudi à Yaoundé, une dizaine de jeunes garçons et filles sont assis à même le sol. Tous tiennent en main de grandes ardoises sur lesquelles sont écrits des versets coraniques. Devant eux, Haoua Mama Addi, vieille dame aux cheveux blancs, 70 ans environ, fait office de maîtresse. Elle veille sur le groupe, l’air pensif et grave, prête à corriger au bâton la moindre erreur. Cette école coranique traditionnelle autrefois très courue compte aujourd’hui trois fois moins d’élèves qu’il y a trois ans. "Les gens préfèrent maintenant envoyer leurs enfants dans les écoles islamiques modernes au détriment des nôtres et chaque année ici, le nombre de talibés (élèves) ne fait que diminuer", se plaint Haoua Mama Addi, promotrice et seule enseignante de cette école. Ses propres petits-fils lui ont été "arrachés" et inscrits dans l’une de ces nouvelles écoles, communément appelées Mahad.
D'après bon nombre de musulmans, les Mahad sont mieux structurés, les salles de classe étant dotées de table-bancs et de tableaux. L'enseignement s'y fait en arabe. "Ils dispensent un enseignement théologique de bon niveau et des matières de l'enseignement général (mathématiques, sciences de la vie et de la terre, histoire, géographie, etc.)", explique le Dr Doubla Avaly, Secrétaire national à l’éducation et à l’organisation de l’enseignement scolaire privé islamique (Oespi). Les jeunes font très vite la différence avec les écoles islamiques traditionnelles où les apprenants sont assis à même sol, subissent des châtiments atroces et sont condamnés à aller demander l’aumône. "À l’école coranique traditionnelle, j’ai coupé le bois et travaillé au champ du maître, sans compter le châtiment corporel auquel j’étais quotidiennement soumise. Mon temps à cette école n’était pas utilisé à bon escient", se rappelle Mme Yero, fonctionnaire au ministère du Tourisme.

Passeport pour le universités arabes_coleAlors que les écoles franco-arabes ou anglo-arabes qui existent au Cameroun suivent le programme officiel de l'Éducation nationale avec en plus l'enseignement de l'arabe, les Mahad ont leur programme propre et les enseignements se font en arabe. Les études sont sanctionnées par des diplômes arabes qui ouvrent droit à l’admission dans des universités arabes à l'instar d'Al-Aqzarc en Égypte ou de Djaamiatoul à Médine en Arabie Saoudite. Plusieurs débouchés s’offrent aux lauréats du Shahada’a sanawi, l’équivalent du baccalauréat. Ils peuvent immédiatement devenir prédicateurs ou enseignants dans les niveaux inférieurs des mêmes écoles. La poursuite des études supérieures dans les universités arabes (Soudan, Libye, Égypte, Arabie Saoudite, etc.) est très prisée. D'après le Dr Doubla Avaly, chaque année, près du tiers des quelque 150 à 200 diplômés des Mahad obtiennent une bourse universitaire arabe.
Les nouvelles écoles sont ouvertes aussi bien aux jeunes enfants qu’aux adultes qui veulent apprendre l’arabe et approfondir la connaissance du Coran. Les apprenants sont libres en fonction de leurs occupations, de fréquenter l'école en cours du jour ou du soir. "À l’école traditionnelle, soutient Ahmad Muhammad, je ne savais ni lire ni écrire l’arabe, je récitais ce que je ne comprenais pas. Mais par le biais de ma formation à la nouvelle école islamique, je rédige des correspondances en arabe pour mes amis vivant en Égypte". Ainsi tombé sous le charme de la nouvelle école, il y a inscrit son premier fils.


Financement saoudien


coranPour la plupart financées par des fonds saoudiens, ces écoles coraniques new-look dont les premières esquisses remontent à plus de 15 ans se multiplient au fil des ans. Officiellement, le Secrétariat national de l’Oespi au ministère de l’Éducation de base, n'a pas de statistiques sur les Mahad. "Ces écoles purement confessionnelles ne sont pas soumises au programme officiel en vigueur et échappent par conséquent à notre contrôle", affirme-t-on à l’Oespi. Le Dr Doubla Avaly estime cependant qu'on doit en dénombrer près d'une trentaine à travers le pays, au moins un dans chaque chef-lieu de province, contre 241 établissements de l'Oespi en 2004/2005. Ces écoles sont néanmoins légalement reconnues puisque leur création est soumise au visa de l’autorité administrative de la localité concernée.
Réduite à la portion congrue, l'école coranique traditionnelle quitte progressivement les lieux publics pour les domiciles privés. Quelques anciens pensionnaires continuent cependant de leur trouver des vertus. "Tout ce qui est aujourd’hui reproché à l’école traditionnelle, par exemple devoir demander l’aumône, était fait dans le but de permettre à l’apprenant de s’approprier les vertus d’humilité et de partage chères à l’islam", affirme sous anonymat un ancien pensionnaire, aujourd’hui chef d’entreprise.

Par Youssoufa Hamadou Bello de Sifia International

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