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4 août 2011

CARNET D’UN SEJOUR DANS LES MONTAGNES

 

Communication particulière:

les propos suivants n'engagent que son auteur

 

CARNET D’UN SEJOUR DANS LES MONTAGNES DE TOKOMBERE ET DE MORA

       La logique de musellement et d’infantilisation des montagnards du Mayo-Sava, savamment orchestrée par les élites de ce département et ce depuis de longues décennies, semble avoir atteint un seuil critique, qui désormais semble embarquer  cette localité dans une aventure sociopolitique emprunte  de conflictualité. La répression dans le sang et l’exclusion quasi-totale des peuples animistes et chrétiens de cette aire géographique, par des élites scellées et liées par un  substrat religieux commun, ont sous l’effet de la récurrence et de l’histoire couvé et éclos les sensibilités revendicatrices, le sens et l’exigence de la justice sociale dans des esprits.

   Plus rien ! Ni les promesses électoralistes d’ailleurs jamais respectées, ni l’invasion locuste des billets de banque et ni le déluge du « bilbil », dont la manifestation n'est justifiable qu'en raison de l'imminence des élections ne pourront  anesthésier les sensibilités critiques de ces montagnards. Même la précarité existentielle quotidienne  ne pourra plus réussir à formater la psychologie sociale et les plonger  dans une amnésie collective,  au point d’oublier ces décennies d’humiliations, assorties de négation absolue et d’inscription systématique en marge de l’histoire. Non !  Aucune alchimie, aucun discours politique ou même philosophique ne pourra plus convaincre cet électorat victime des décennies d’impostures inédites, pour que de façon grégaire, il prête encore le flanc aux marchands d’illusions à la faveur des prochaines opérations électorales.   

   En effet, l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême suivie de sa volonté affichée d’instaurer et de promouvoir la démocratie au Cameroun a été perçue par les Kirdis et notamment les montagnards du Mayo-Sava, comme un véritable espoir de rupture avec un régime Ahidjo, essentiellement exclusif,  qui  les a confinés et  embastillés dans la geôle de l’ignorance, de la servitude et de la négation. Par-delà  sa majorité démographique, ces derniers ont été anonymés et anihilés par les  islamo-mandara sur la scène sociopolitique et économique nationale.  Ces peuples des montagnes qui étaient et restent encore stratégiquement barricadés à la périphérie de la mouvance historique, absolument interdits de faire l’histoire mais de la subir aussi longtemps que possible, sont désormais  exsangues, exténués et éprouvent un terrifiant ras le bol. L’espoir était donc  a priori permis à l’avènement du renouveau.

   En revanche,  l’on réalise après plus de deux décennies que les habitudes ont vraiment la peau dure. Le fantôme de l’autre survit et la logique de domination de la majorité par la minorité islamo-mandara  continue son bonhomme de chemin.  A la seule et triste différence, qu’elle est désormais orchestrée par les fils du terroir qui se complaisent à voir les populations dans le dénuement le plus inhumain, dépourvues des moindres commodités élémentaires d’existence.  Il va sans dire, car cela est manifestement évident, que le printemps de ces peuples, n’aura probablement lieu qu’à la troisième république.

     La stratégie politique d’absorption de la majorité par la minorité, héritée de l’administration coloniale par Ahidjo et qui continue de faire sac sous le renouveau a renversé l’ordre de préséance et de présence  sociopolitiques dans les régions septentrionales en général et dans les monts mandara en particulier. Si la majorité  démographique n’est pas un argument suffisant d’affirmation sociopolitique, l’alignement voire l’abonnement quasi obsessionnel des montagnards au RDPC, assorti d’une fidélité prouvé et éprouvé par le temps et l’espace, devraient, ne fut-ce que par simple conscience de reconnaissance provoquer l’action conséquente des élites.

   L’indifférence à l’égard de cette majorité démographique montagnarde ne devrait se justifier que dans un contexte où cette majorité militerait à contre courant du système  en place. Encore qu’en démocratie la pluralité est une valeur capitale et essentielle. Une construction politique durable et objective ne peut se produire sans l’admission de l’altérité, de la différence politique et sans la reconnaissance et la récompense juste des efforts militants. Le contraire étant, il s’agit dès lors d’une  stratégie délibérée de l’élite locale de maintenir les populations montagnardes dans le labyrinthe de la nécessité et du besoin, dans la perspective d’une exploitation constante, durable et maximale de ces populations devenues vaches à lait.

    Cette situation est d’autant plus révoltante que depuis l’avènement de la démocratie et notamment du pluralisme politique au Cameroun, les islamo-mandara du Mayo-Sava n’ont jamais accordé leurs suffrages au locataire d’Etoudi ou à son parti.

  Les succès engrangés par le RDPC dans ce département résultent donc de façon exclusive des suffrages des montagnards. La preuve c’est qu’après deux décennies de pluralisme politique, l’expérience a montré que lors des opérations électorales, ces élites sont toujours aux abois tant que les résultats des massifs ne sont pas connus.

  Le parti d’opposition notamment l’UNDP, est  régulièrement sorti victorieux  et ce depuis 1992 dans les plaines du Mayo-Sava. « Tous les procès verbaux électoraux sous la période du multipartisme sont unanimes nous révèle d’ailleurs le récent Mémorandum des montagnards dudit département : les voix des montagnes et des montagnards largement en faveur du RDPC ont toujours noyé les voix des musulmans Mandara et Kanouri largement en faveur de l’UNDP depuis les premières élections pluralistes de 1992 jusqu’aux dernières en date du 22 juillet 2007 ». Ainsi, l’on est en droit de se demander comment peut-on  aussi longtemps, très longtemps même abuser d’un peuple sous le regard passif et pratiquement complice de la communauté nationale et internationale.

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