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GRAND-NORD CAMEROUN

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GRAND-NORD CAMEROUN
  • Espace de discussion ouvert à ceux qui s'engagent dans une réflexion sur les perspectives d'avenir du pays, à travers un regard croisé sur le politique, l'économique et le social. c'est notre contribution à donner un sens nouveau à l'image du Nord Camerou
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22 novembre 2011

DEVALUATION

DEVALUATION ( 1 euro = 655, 595 c'est presque fini, on va passer à 1 euro =1000F CFA).

 (Selon Abdoulaye Sanogo de Notre voie)

C’est une information exclusive. Les pays membres de la zone CFA n’ont pas fini de souffrir. Cette fois, c’est le noir qu’ils vont commencer à broyer. Si rien ne vient entre temps changer la donne, dès le 1er janvier 2012, c’est-à-dire dans 40 jours, le FCFA sera dévalué à nouveau. La parité fixe qui jusque-là était de 1 euro=655,59 FCFA, passera à 1 euro=1000FCFA. Selon un diplomate européen, c’est pour apporter cette information aux chefs d’Etat de l’Uemoa qu’Alassane Dramne Ouattara a fait le tour de la sous-région la semaine dernière. Il a été mandaté, selon le diplomate, par le président français Nicolas Sarkozy.
«En Afrique centrale, c’est à Denis Sassou Nguesso que la mission a été confiée d’informer ses homologues de la CEMAC mais aussi des Comores», ajoute notre source. Le diplomate assure que Sarkozy, compte tenu des problèmes que le Président sénégalais rencontre actuellement et surtout à cause de sa grande susceptibilité, a tenu à parler personnellement à Abdoulaye Wade lequel devrait informer son petit voisin Bissau-guinéen. franc-cfa
Comme on peut s’en douter, cette mesure de dévaluation du FCFA est venue de la grave crise que traverse en ce moment l’Europe de l’euro et que seule, l’Allemagne supporte à travers ses caisses. C’est donc la Chancelière allemande, Angela Merkel, qui, selon nos sources, a demandé à son homologue français, Nicolas Sarkozy, de mettre de l’ordre dans les ex-colonies françaises avant qu’il ne soit tard. Mais si l’on regarde bien le schéma, il ne s’agit pas, à travers cette mise en garde de Mme Merkel, de sauver les économies des pays de la zone FCFA. Il s’agit bien d’aider la France à éviter de sombrer, ce qui pourrait plomber la zone euro, l’Allemagne ne pouvant plus à elle seule financer les déficits de cette zone.
Mais qu’est-ce que la dévaluation du FCFA peut bien apporter à la France au plan financier et budgétaire ? Beaucoup, beaucoup trop même. Au travers de la guerre militaire qu’elle a menée ouvertement en Côte d’Ivoire pour renverser Laurent Gbagbo, la France a réussi à mettre sous l’éteignoir, tous les nationalistes et autres souverainistes dont le fondement de la politique est de redonner à l’Afrique, toute sa dignité. Laquelle devrait lui permettre de diversifier ses relations commerciales et politiques avec le reste du monde et non plus seulement avec l’ancienne puissance coloniale. Le cas de la Côte d’Ivoire est édifiant à cet égard. Aujourd’hui, tout semble dire que les accords de 1961, lendemain des indépendances, ont été réveillés. Les sociétés françaises ont récupéré tous les marchés. Bouygues est présent partout et il ne serait pas surprenant que, pour acheter désormais sur le marché mondial, l’Etat de Côte d’Ivoire passe forcément par l’Etat français. En d’autres termes, c’est en France que nous allons désormais acheter tout. Et comme tout cela se fait en devise (euro), nous allons dépenser beaucoup de CFA pour obtenir peu de produits. Ce qui arrangerait vraiment la France si l’on tient compte de l’ensemble des pays de la zone CFA qui vont acheter sur le marché français ou qui vont être obligés de faire transiter leurs marchandises par les ports et aéroports français. Si l’on ajoute à cela l’exploitation honteuse de nos ressources à laquelle se livre en toute impunité la France, on peut dire que le pari est gagné pour Paris de trouver les milliards d’euro qu’elle cherche partout pour combler son déficit. De l’avis d’un expert, les pays africains vont contribuer, avec cette mesure, pour 40% de leurs avoirs, au colmatage du déficit français.
Comme en janvier 1994, lors de la première dévaluation, les pays africains qui font la manche recevront encore beaucoup d’argent des pays européens. Puisqu’il leur suffit de dégager 1 million d’euro pour que cela se transforme en 1milliard de FCFA. Parions ! Les hagiographes des différents palais présidentiels chanteront à l’unisson la fameuse chanson qui ne leur réussit pourtant pas : «Pluie de milliards !!!». Oubliant que cet argent est à rembourser non seulement avec des intérêts mais en devise. Conséquence, la dette des pays africains toujours sous la coupole de Paris va accroître de façon vertigineuse. Sacrifiant ainsi les futures générations africaines qui, une fois aux affaires, passeront le clair de leur temps à rembourser des dettes.
Depuis que Ouattara est parvenu au pouvoir, les prix des produits alimentaires de première nécessité ne font qu’augmenter à la vitesse grand V. A partir du 1er janvier prochain, ça va être plus grave. La dévaluation ne peut nous servir que si nous exportons beaucoup. Tout le monde le sait. Tous les pays de l’espace francophone importent presque tout : produits manufacturés, riz, bois, poisson etc. A partir du mois de janvier 2012, c’est maintenant 1000 fcfa pour un euro. Au moment de servir le marché intérieur, les commerçants revendeurs devront tenir compte de cette nouvelle parité fixe. Les prix vont donc gonfler et ça va chauffer dans les marmites ! Le prix du carburant va suivre la flèche dans le sens verticale. Et on n’y pourra rien. Malheur aux pauvres populations africaines !

Abdoulaye Villard Sanogo

Notre Voie http://news.abidjan.net/h/417190.html

 

Cemac : Pas de dévaluation du Cfa en vue

 

Assurance donnée hier par le gouverneur Abaga Nchama au terme d’un comité de politique monétaire de la Beac.
Un comité de politique monétaire (Cpm) extraordinaire, 20 jours seulement après le dernier qui a eu lieu le 28 octobre dernier à l’immeuble siège de la Banque des Etats de l’Afrique centrale à Yaoundé, tout ceci dans un contexte international de crise de la dette européenne susceptible d’avoir des répercussions dans la région Afrique centrale. Voilà qui aurait pu éveiller quelques craintes chez des observateurs de la scène économique de la zone Cemac, à l’annonce de la tenue hier dans la capitale camerounaise de ce rendez-vous au cours duquel sont généralement passés au peigne fin les indicateurs de l’économie des pays de la zone Cemac.
Mais, Lucas Abaga Nchama, le gouverneur de la Beac, lui, rassure. A l’en croire, la convocation de cette grand’messe de la banque centrale participe de la politique de prudence et de vigilance adoptée depuis le déclenchement de la crise dans la zone euro, monnaie sur laquelle est arrimée le franc Cfa usité dans la zone Cemac. En effet, souligne le gouverneur de la Beac, cette vigilance implique désormais qu’à la moindre évolution de la situation en Europe, le Cpm de la Beac soit convoqué pour pouvoir mesurer, voire palier les répercussions possibles sur la zone Cemac. Cette précision faite, l’on apprend que le Cpm de la Beac a dû se réunir à nouveau hier pour mesurer les implications de la décision prises le 3 novembre dernier par le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (Bce), de réduire «d’un quart de point à 1,25% son principal taux directeur».
Et Lucas Abaga Nchama d’afficher sa sérénité au sortir de ce Cpm extraordinaire : «les perspectives macroéconomiques demeurent favorables pour l’ensemble de l’année 2011» dans la zone Cemac. C’est que, à côté des réserves de change des pays membres de cette banque centrale qui demeurent importantes et du taux de couverture extérieure de la monnaie qui culmine toujours à 100%, le gouverneur de la banque centrale croit toujours pouvoir tabler «sur un taux de croissance réel du Pib à 4,8%» en cette année 2011 finissante, et sur un taux d’inflation toujours en dessous du seuil de tolérance de 3% acceptée dans la zone Cemac, toutes prévisions déjà faites au terme du Cpm du 28 octobre dernier.
Par ailleurs, balayant les craintes exprimées ces jours-ci par une certaine opinion sur une éventuelle dévaluation du franc Cfa à cause de la crise de la dette dans la zone euro, Lucas Abaga Nchama s’est voulu claire : il n’y a aucune inquiétude à se faire de ce point de vue. Au regard de tous ces paramètres, «et après analyse de la balance des risques pesant sur la stabilité monétaire et financière», lit-on dans le communiqué qui a sanctionné le Cpm extraordinaire d’hier à Yaoundé, il a été «décidé de maintenir inchangés les conditions d’interventions de la Beac».
B. R. M.

Essimi Menye, Ministre des Finances: Il n'y aura pas de devaluation du Franc CFA, Le Ministre des Finances était l'invite du Journal Parle de 13h a la CRTV ce Lundi 28 Novembre 2011

http://www.cameroon-info.net/stories/0,30588,@,essimi-menye-ministre-des-finances-il-n-y-aura-pas-de-devaluation-du-franc-cfa.html

Le ministre des finances a démenti les rumeurs de dévaluation du franc CFA au cours d’un point de presse consacré à la présentation des résultats de la première émission des bons du

 

 

trésor de l’Etat camerounais. Il n’y aura pas de dévaluation. Essimi Menye, le ministre camerounais des finances l’a répété à maintes reprises le 25 novembre dernier, dans la salle de conférence de son département ministériel. La rencontre avec la presse, qui portait essentiellement sur l’évaluation de la première émission des bons du trésor de l’Etat camerounais, a vite glissé sur cette rumeur persistante née en Côte d’Ivoire, autre pays de la zone franc, annonçant la dévaluation du francs CFA dès le 1ier janvier prochain. Pour le ministre Camerounais, cette possibilité ne se justifie nullement à l’heure actuelle, car la physionomie de l’économie camerounaise d’aujourd’hui, n’a rien à voir avec celle, catastrophique de 1994 date à laquelle il y eut une mémorable modification de la parité entre le francs CFA et le franc Français de l’époque. «Les fondamentaux de l’économie sont bon, les grands chantiers d’infrastructures économiques démarrent un peu partout dans le pays, notre monnaie est bien couverte, les banques se portent bien, nous payons régulièrement les salaires et honorons normalement les autres dépenses, le niveau d’endettement du pays est modéré», a-t-il dit en substance, pour battre en brèche toute idée de dévaluation. En 1994, tous les pays de la zone étaient pauvres sur endettés, accumulaient des arriérés des paiements, avaient stoppé tout investissent d’envergure, ce qui montrait bien qu’il y avait un besoin de ce genre. De plus a-t-il expliqué, la dévaluation de 1994 a nécessité environ deux années de préparation. Or à ce jour lui ; le ministre camerounais des Finances, premier concerné par une telle décision, n’est au courant d’aucun dossier évoquant une telle éventualité. «C’est curieux. On parle de dévaluation, et la seule personne que n’est pas au courant c’est le ministre des finances, qui aurait dû initier ce dossier», a déclaré Essimi Menye sur un ton railleur.

 

 

 

 

 

Revenant sur l’émission des bons du trésor, une autre preuve de la bonne santé de l’économie camerounais, il y a eu un réel engouement. Pour la premières opération, l’Etat a récolté 8 milliards de francs CFA au cours de cette opération qui devrait se répéter plusieurs fois avant la fin de l’année, avec pour objectif d’atteindre 50 milliards de collectés au 31 décembre 2011. Ces sommes, reversées dans le compte courant du trésor pour améliorer la trésorerie de l’Etat permettent surtout de densifier l’activité sur les marchés financiers. Au cours des prochains mois ce sera une opération automatique, permettant à toit camerounais de savoir que les bons du trésor existent, que c’est un placement sûr et rémunérateur. Le Minfi qui assure que cette année 2011, le gouvernement a encaissé des recettes supérieures aux prévisions (2620 milliards encaissés contre 2571 milliards prévus) précise que l’émission des bons du trésor ne signifie pas que l’Etat est en difficultés de trésorerie, mais qu’il s’agit pour l’Etat de rendre utile l’épargne dormante des camerounais, dans l’intérêt des tous.

 

Selon, le ministre des finances, cette opération est bénéfique pour les acteurs économiques camerounais, qui peuvent ainsi faire des placement dans les bons du trésor à des taux bien plus rentables que les comptes d’épargne. Le processus est simple. Les banques étant agréés come spécialistes en valeur du trésor, celui qui a une liquidité ponctuelle peut se rapprocher de son banquier, acheter des bons du trésor à des taux de rémunération intéressants pour une durée de 13 ou 26 semaines, et réaliser ainsi une plus-value intéressante en peu de temps. «À la longue, nous allons être plus avantageux que les caisses d’épargne», s’est réjoui le ministre des finances qui ajoute qu’il veut pousser les Camerounais à aller vers les banques. Déjà plusieurs banques des pays voisins ont participé à cette opération, signe, selon lui, que les bons du trésor Cameroun sont intéressants pour tous.



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17 novembre 2011

DE BONNES PRATIQUES: Expériences de médiation foncière dans le Nord-Cameroun

André TEYSSIER, Ousman HAMADOU, Christian SEIGNOBOS

© FAO Corporate Document Repository, Produced by:  Economic and Social Development Department

Chercheur du CIRAD-TERA à Montpellier, France; Chercheur du TERDEL à Garoua, Cameroun; Chercheur de l'IRD à Arles, France

L'Observatoire du foncier, réalisé par le projet Développement paysannal et gestion de terroirs (DPGT) et l'Institut de recherche pour le développement (IRD) depuis 1997, a révélé l'importance de la compétition pour l'accès à la terre, tant dans les anciens terroirs que dans les terres d'immigration, et une dérégulation due à la superposition de systèmes juridiques. Il en résulte une généralisation de la précarité foncière ayant des incidences sur la durabilité des systèmes de production. Le cadre réglementaire de l'Etat camerounais n'est sollicité que dans les zones urbaines: le recours à l'immatriculation foncière reste un privilège réservé aux «élites», tandis que les commissions consultatives et agropastorales, censées reconnaître les occupations et arbitrer les litiges, ont perdu l'essentiel de leur capacité d'intervention. La pression migratoire, la superposition d'usages sur le sol, et l'abandon de la gestion foncière aux chefferies, provoquent aujourd'hui des conflits d'intérêt entre des communautés dont les pratiques et les stratégies s'opposent. Il conviendrait de les traiter avant que ces litiges ne dégénèrent en des affrontements plus violents. Malgré un contexte politique peu propice, des expériences de médiation à l'échelle de petits territoires ruraux témoignent de la possibilité d'une intervention publique en matière de foncier, sans recours systématique au Code foncier, et proche des «arrangements» usuels.

 SÉCURISATION FONCIÈRE ET DÉVELOPPEMENT RURAL: DES INTERACTIONS NÉCESSAIRES MAIS DIFFICILES

L'impact de la précarité foncière sur la pauvreté et sur la gestion durable des ressources naturelles est une évidence. Aucune politique de développement rural ne saurait faire l'économie d'une intervention pour stabiliser les droits du producteur sur le sol.

  • La sécurité foncière représente d'abord un enjeu majeur de maintien de l'ordre public. Des revendications foncières concurrentes dégénèrent parfois en litiges aux issues tragiques: au Nord-Cameroun, on meurt chaque année pour la maîtrise du sol en ce début de siècle.

  • L'insécurité foncière est un élément – parmi d'autres[15] – qui bloque les processus d'intensification de l'agriculture et de renouvellement des ressources naturelles. Sans véritable assurance de pouvoir conserver sa terre, aucun paysan n'investira en travail ou en capital pour la bonification et la durabilité de ses terres agricoles. Certains producteurs estiment même que le risque d'accaparement devient plus élevé si l'aménagement augmente la valeur du sol.

  • L'insécurité foncière encourage des pratiques qui conduisent à une dégradation des ressources renouvelables. L'affaiblissement des régulations administratives ou coutumières stimule l'accaparement rapide et individualisé des ressources par crainte d'une confiscation de ces mêmes ressources par d'autres acteurs. En situation d'insécurité foncière chronique, la jachère est condamnée. L'occupation des sols doit être visible en permanence pour éviter les spoliations.

  • La rareté d'instances légitimes d'arbitrage et la confusion des responsabilités en matière foncière ouvrent des perspectives d'évolutions latifundiaires au profi t de notables et de potentats locaux, plus familiers des procédures de reconnaissance des droits fonciers. Il faut contrôler l'espace pour contrôler la société; il faut conquérir des terres pour asseoir les droits de sa communauté face à celle des autres; il faut maîtriser le foncier pour se constituer une clientèle d'obligés. Le flou du jeu foncier surdétermine la compétition politique et attise les clivages identitaires.

  • La persistance, parfois sur plusieurs décennies, de conflits non résolus oblige les producteurs ruraux à des dépenses très importantes pour s'attirer les faveurs d'arbitres improbables. Le conflit foncier est rémunérateur pour ceux qui disposent du pouvoir de régulation, ce qui freine leurs ardeurs pour un règlement définitif. L'achat des arbitres tourne à la surenchère et ruine les exploitations en conflit contraintes, parfois, de céder des portions de leur patrimoine foncier tant est forte la ponction occasionnée par les arbitrages.

  • Enfin, l'insécurité foncière a également pour conséquences un repli sur l'ethnie et un éloignement du citoyen envers le projet de nation. «Les citoyens vivent en marge de la loi, situation qui peut être source de graves désordres, car, (...) lorsque la législation est bafouée et non appliquée, il en résulte un discrédit pour le parlement qui fait les lois, pour le gouvernement qui est chargé de les exécuter, pour la justice et, en définitive, une crise de l'Etat.» (Boubou, 2001).

Cette communication s'attache dans un premier temps à une analyse des systèmes fonciers du Nord-Cameroun et à leurs dysfonctionnements, puis expose quatre interventions de sécurisation foncière conçues en perspective d'une amélioration de la gestion des territoires ruraux et susceptibles d'inspirer de nouvelles conceptions des politiques publiques en matière foncière. Elle propose en conclusion des axes d'investigation pour une recherche soucieuse de répondre au défi majeur de la stabilisation du jeu foncier.

FORCES ET FAIBLESSES DES SYSTÈMES FONCIERS DU NORD-CAMEROUN

Un contexte institutionnel régional particulier lié à la recherche d'équilibres politiques nationaux

L'espace camerounais se caractérise par de forts clivages entre plusieurs pôles, dont un nord sahélo-soudanien et un sud forestier.

L'unité politique résiste difficilement au repli sur l'ethnie, tandis que la construction administrative d'un territoire national ne parvient pas à «faire disparaître flous et marges de l'adhésion à un projet national qui n'est rien d'autre que la pérennité d'un Etat postcolonial ayant peur de la dislocation» (Courade, Sindjoum, 1996).

En quête de cohésion nationale, le pouvoir central doit composer. L'assise électorale du parti présidentiel, le RDPC[16], repose sur trois provinces (centre, sud et est) qui ne représentent qu'un quart de la population camerounaise. Les trois provinces du Grand Nord comptent 30 pour cent des Camerounais. Le choix géopolitique observé actuellement pour assurer la continuité du pouvoir table sur un axe Nord-Sud fort, susceptible de contenir l'essor des forces politiques de l'Ouest.

Parallèlement aux processus de démocratisation et de décentralisation, une alliance s'est établie entre le gouvernement et les chefferies, force politique majeure du Grand Nord. Un marché tacite a été conclu: les chefferies bénéficient d'un blanc-seing pour l'administration de leurs territoires et seront bien représentées dans les plus hautes sphères dirigeantes, tant qu'elles restent fidèles au pouvoir et qu'elles le manifestent lors des échéances électorales. La recherche d'équilibres entre le Nord et le Sud confère aux chefferies des pouvoirs dont l'étendue efface parfois les cadres réglementaires de l'Etat. La reconnaissance officieuse du pouvoir coutumier comme gérant exclusif du foncier figure parmi les libéralités accordées par le gouvernement aux lamidats. Les chefs sont théoriquement considérés comme des «auxiliaires d'administration», intronisés, rémunérés et évalués par l'administration territoriale. Mais, dans la pratique, leur pouvoir se renforce en proportion inverse au désengagement de l'Etat.

La persistance des chefferies au Nord-Cameroun ne saurait être perçue comme la survie exceptionnelle d'une forme archaïque de pouvoir que la modernité d'un Etat-nation n'aurait su faire disparaître de cette partie enclavée du territoire national. Cette féodalité contemporaine n'est pas un accident de l'histoire; elle est l'expression d'un consensus politique nécessaire au maintien de l'Etat dans sa configuration actuelle. A l'heure des réflexions sur de nouvelles modalités de la gestion foncière, elle doit donc être considérée comme un paramètre durable sinon structurel.

Une régulation foncière exclusive par la chefferie

Le pouvoir des chefferies s'exerce sur des modalités variables suivant l'importance historique de la chefferie, la personnalité dulaamido[17] et ses relations avec le pouvoir central. Ainsi, s'observe toute une palette de situations qui vont d'un certain laxisme à des systèmes autocratiques.

La puissance de la chefferie est également influencée par l'action de l'administration territoriale, compétente pour l'intronisation ou la «détronisation» des chefs coutumiers. Certains laamibe respectent l'autorité préfectorale et craignent d'être démis de leurs fonctions – ce qui reste exceptionnel – en cas d'abus dans l'exercice du pouvoir. D'autres, plus influents et en relation directe avec Yaoundé, affichent une telle suprématie qu'ils considèrent le sous-préfet comme «leur secrétaire». Des chefferies, comme celle de Rey-Bouba, tendent à s'extraire de l'espace national et se comportent comme de véritables Etats dans l'Etat, en revendiquant un droit de regard sur d'anciens espaces du royaume hors du territoire camerounais, en réinventant des réglementations selon les intérêts du moment, et en disposant de leurs propres milices, «douanes», prisons, etc. Le corps préfectoral n'y assure plus qu'une représentation minimale.

La région de la Bénoué, de faible densité humaine, est administrée par de puissantes chefferies au fonctionnement totalitaire, le chef régnant sur ses «sujets» pratiquement sans intermédiaire. En revanche, les chefferies de l'Extrême-Nord, gérant des territoires moins importants mais plus densément peuplés, exercent leur pouvoir de manière subsidiaire. Des lawan et des jawro[18] représentent le chef et décident en son nom à l'échelle du village. Les capacités de la chefferie à réguler les jeux fonciers dépendent de cette gamme de modalités d'application des pouvoirs coutumiers.

L'un des traits communs aux pouvoirs coutumiers repose sur l'absence de règles écrites[19]. Le pouvoir s'exerce le plus souvent de manière arbitraire et versatile, sans référence même à une jurisprudence traditionnelle, en tenant surtout compte des rapports de force entre les communautés vivant dans la chefferie ou en fonction des intérêts immédiats du chef dans les limites de l'acceptable par une majorité de ses sujets. Dans la réalité, toutefois, l'autorité traditionnelle se trouve limitée par une infinité d'obligations envers sa clientèle ou encore envers des «élites extérieures», personnalités influentes (grands commerçants ou hauts fonctionnaires), issues de sa juridiction.

A la différence des agents de l'administration, les chefferies, en place depuis plus d'un siècle, s'inscrivent dans la durée; elles connaissent précisément l'histoire, les hommes et l'espace de leurs territoires, et disposent de ressources financières autonomes. A l'échelon local, elles restent certainement la forme de pouvoir la plus respectée par les populations du Nord-Cameroun. Tous se tournent «naturellement» vers la chefferie lors de l'acquisition de parcelles, de mutations foncières et, surtout, de règlements de litiges. Aujourd'hui, les grandes chefferies de la Bénoué sont libres d'exercer une justice foncière et une taxation sur la terre suivant des critères et des barèmes qu'elles seules déterminent et font varier en fonction de l'identité de leurs sujets.

La chefferie se présente aux yeux des habitants du Nord-Cameroun comme une «institution par défaut», mais la seule susceptible de gérer les territoires et d'arbitrer les conflits. L'opportunité d'enrichissement et l'accaparement des pouvoirs au profi t d'un individu et de ses proches semblent relativement acceptés par une société qui préfère «l'arbitraire négociable» de la coutume à l'absence de normes et de règles.

Cette gestion du foncier par la coutume ne va pas sans heurt, bien au contraire. Les anciennes zones de peuplement et les espaces d'immigration rurale sont d'ailleurs l'objet de rudes compétitions pour l'accès à la terre. L'Observatoire du foncier DPGT/IRD[20]présente différents cas de conflits liés à cette régulation coutumière (Seignobos et Teyssier 1997, 1998; Teyssier et al., 2001).

Etat des lieux des interventions de sécurisation foncière au Nord-Cameroun

Les expérimentations menées au Nord-Cameroun ont été réalisées jusqu'à présent par deux opérateurs:

  • le Comité diocésain pour le développement de Maroua-Mokolo (CDD) et son expérience en formalisation de transactions foncières;

  • les actions de médiation conduites par le projet DPGT, exposées ci-dessous.

Le CDD essaie de formaliser les droits des agriculteurs montagnards sur les piémonts des Mandara. DPGT et TERDEL (Territoires et développement local) ont engagé des expériences de médiation dans différentes situations: des négociations pour la préservation d'aires pastorales et de couloirs à bétail pour désamorcer les conflits agropastoraux dans le lamidat de Tcheboa; des démarcations foncières entre villages migrants dans le Sud-Est Bénoué pour apaiser les compétitions entre migrants et «autochtones» et entre migrants; et, enfin, une intervention plus globale de sécurisation foncière par une action de gestion concertée du territoire à Touroua.

Formalisation écrite des transactions foncières individuelles

Le CDD a pris date de son engagement pour la sécurisation foncière, lors du dernier Comice agricole de Maroua, en 1988.

La première démarche du CDD passe par le respect de l'application de la loi, qui s'accompagne d'un certain nombre de propositions d'aménagements[21] soumises à la Primature. Le CDD propose un additif à l'Article 17 de l'Ordonnance 74-1 de juillet 1974, pour un rallongement des baux – limités généralement à un ou deux ans – et selon des barèmes officiels garantis par les sous-préfectures.

En ce qui concerne l'Ordonnance no 76-166 d'avril 1976, le CDD demande une simplification de l'immatriculation foncière (Article 5): coût, formalités inaccessibles accentuées par des démarches superfétatoires, comme celle de fournir un plan de la parcelle... Quant à l'Article 6, il est proposé que la demande de «propriété» soit déposée à la sous-préfecture, qui l'affiche dans ses propres bureaux et dans le village d'où émane la demande, tout villageois pouvant faire éventuellement opposition.

En 2000, les propositions d'ajustement juridique se heurtant à l'immobilisme administratif et à l'omnipotence des autorités traditionnelles en matière foncière, le CDD évolue vers plus de souplesse et s'intéresse davantage à conforter les pratiques sociales, tout en professant de rester dans un cadre juridique formel, comme le prouve sa volonté de passer par des expressions juridiques.

Se référant au «droit de jouissance» formulé dans le Code foncier de 1974, le CDD émet alors l'idée de délivrer des «certificats de mise à disposition d'un droit de jouissance d'un terrain». Ce certificat, daté, est cosigné par le propriétaire antérieur, des témoins et, si possible, le chef de village. Il est recommandé de dessiner un croquis de la ou des parcelles au dos du feuillet[22]. Ces certificats sont déclinés de différente manière en fonction de la variété des contrats agraires: usufruit temporaire, mise en gage, vente définitive, etc.

Le CDD ne fait que traduire la volonté d'un certain nombre d'exploitants lettrés qui multiplient les «certificats de vente» sur imprimés photocopiés avec les signatures des mêmes intervenants. Sans valeur juridique, ces «petits papiers», par leur multiplication, pourraient pourtant, à terme, entraîner leur reconnaissance officielle.

Clarification foncière par des démarcations de terroirs

Dans la région de Touboro, aménagée à partir de 1985 par le projet Sud-Est Bénoué[23], les premiers terroirs migrants ont été créés dans un milieu forestier. Les villages ont été constitués par «pôles de peuplement» sur une base ethnique. L'extension des zones cultivées est telle que, 15 ans après, les fi nages se touchent. Migrants tupuri et montagnards s'affrontent pour le contrôle de réserves foncières tandis que les populations autochtones (Mboum) s'inquiètent du mitage de «leurs» espaces de chasse et sont contraints de se tourner vers l'agriculture pour ne pas être dépossédés de leur capital foncier. L'accumulation foncière est un enjeu majeur pour les migrants qui cherchent, de façon grégaire, à ouvrir de nouveaux «pays» tupuri ou mafa dans un environnement social plutôt hostile. Leur stratégie est surtout animée de considérations identitaires: «face à la concurrence des autres communautés, il faut être les plus nombreux pour obtenir des équipements et la reconnaissance de notre chefferie».

Afin d'apaiser les tensions sur les limites des terroirs, le projet DPGT s'est engagé en 1997 dans une opération de démarcation foncière. Une méthode de négociation et de résolution des conflits a été testée et mise en œuvre. Cette intervention consiste en:

  • une négociation pour l'obtention d'accords entre villages en conflit sur la délimitation de leurs terroirs respectifs. Ces consensus sont obtenus à la suite de confrontations entre pionniers fondateurs de chaque village et de débats sur les projets d'extension de chaque village. Détail important: les délimitations n'enferment jamais les villages et laissent, quand cela est possible, une ouverture sur des terrains encore défrichables;

  • la matérialisation des limites par l'implantation de bornes. De grosses bornes de 100 kg sont implantées aux différentes articulations des limites. Les coordonnées géographiques de ces points sont levées par le système de localisation GPS. Ces bornes sont peintes en blanc et les noms des villages y sont inscrits. De petites bornes de 25 kg, peintes en orange, sont positionnées entre les grosses. Dans l'attente, une peinture orange appliquée sur les arbres indique l'emplacement d'une limite entre terroirs;

  • le report de la limite et des bornes sur une carte signée par les parties en conflit et diffusée auprès d'elles et de l'administration. Ces cartes géoréféréncées ne sont pas toujours très parlantes pour les acteurs; aussi, un procès-verbal, qui reprend le contenu des accords et décrit les de repère des limites négociées, accompagne systématiquement ces cartes. Une copie du procès-verbal est remise à la sous-préfecture compétente.

Au total, 57 points litigieux ont pu être «assainis» de 1997 à 2001 par un seul animateur et 212 km de démarcation ont été négociés, tracés, cartographiés et matérialisés par des bornes.

Dans le contexte néoféodal du lamidat de Rey-Bouba, le transfert vers une instance locale de la gestion des négociations pour l'apaisement des conflits ne peut être envisagé. Le poids de la SODECOTON[24] à Touboro renforce la crédibilité des interventions du projet – logé au sein de la société cotonnière – et soustrait les villages en conflit à l'arbitraire des dogari[25] et aux taxes qu'ils exigent. Les arbitrages rendus avec le concours du projet, jugés neutres, sont préférés à l'intervention monnayable mais incertaine des autorités.

La négociation foncière suivie d'un bornage systématique, impulsée par une organisation «neutre», est largement respectée: on ne recense jusqu'ici qu'un seul cas de négociation remis en cause (sur 57). Les villageois respectent ces limites bornées dès lors qu'ils ont participé à leur négociation et qu'ils sont rassurés par l'indépendance de l'arbitre. Les demandes d'intervention dépassent largement les capacités de l'animateur chargé de ces médiations; elles proviennent spontanément depuis des villages situés jusqu'à 200 km de la zone initiale de ces négociations.

Ces médiations ont contribué à stabiliser les relations entre villages qui auparavant s'affrontaient et multipliaient les démonstrations de force pour quelques hectares de parcelles cultivables.

Régulation des conflits agropastoraux par la préservation de parcours

Une action s'est engagée dès 1997 avec les notables de la chefferie de Tchéboa chargés des questions d'élevage (sarkin saanu) pour identifier et statuer sur l'étendue des hurum[26] et sur les axes de circulation du bétail qu'il fallait préserver pour permettre le maintien des éleveurs face à la progression des espaces cultivés par les agriculteurs migrants.

Une situation des hurum est réalisée à l'aide d'un GPS et les points sont ensuite replacés sur un fonds de carte au 1/50 000. Grâce à la carte, ce qui était impalpable devient palpable, et les éleveurs peuvent visualiser les espaces parcourus par leurs troupeaux.

Des négociations sont menées par une commission, constituée en dehors des cadres réglementaires et composée de représentants du campement d'éleveurs, des villages migrants avoisinants, d'un animateur du projet et de notables de la chefferie chargés des questions d'élevage. Les décisions obtenues après débat ont valeur de nouvelle réglementation. Ces dispositions sont matérialisées par un bornage des limites des hurum. Cette intervention à la demande se décline par étapes:

  • un repérage des aires pastorales exploitées par les éleveurs dans le lamidat de Tchéboa;

  • un levé des contours et une représentation cartographique de ces aires pastorales;

  • la rédaction d'une charte mentionnant les droits et devoirs des éleveurs utilisant ces pâturages et des agriculteurs voisins.

L'exploitation de ces parcours n'est jamais exclusive afin de permettre aux agriculteurs voisins d'y laisser paître leurs animaux. Cette charte est ratifiée par l'ensemble des acteurs locaux et des représentants des différents pouvoirs. La carte de l'aire pastorale préservée est jointe au texte de la charte; les deux documents sont remis à toutes les parties.

Treize aires pastorales et plusieurs couloirs à bétail ont été négociés entre 1997 et 2001. Les chartes pour la préservation de ces espaces sont relativement bien respectées et servent de références lors d'arbitrages de conflits par la chefferie. Elles posent d'autres problèmes:

  • Les éleveurs Mbororo, assurés de leurs droits sur certaines aires pastorales, se sont mis à construire des habitations en dur et à cultiver! Les négociations sont reprises pour limiter les emblavements par les éleveurs; il revient aux chefs des campements de faire respecter ces nouvelles règles.

  • La préservation d'espaces pastoraux incite à une réflexion sur la valeur comparée des espaces. La SODECOTON estime qu'il y a «trop de bœufs», que l'élevage consomme des espaces démesurés et elle ouvre des pistes à travers les hurum. A l'opposé, le MINEPIA[27] déplore le mitage des parcours par les champs cultivés. Qui a raison? La simple volonté d'appuyer les éleveurs pour la préservation de leurs pâturages et de leurs modes de vie suffit-elle à justifier la pertinence de cette intervention? A partir de quelle argumentation économique ou écologique peut-on inviter les décideurs à la formulation d'une politique de protection du pâturage face aux conquêtes agricoles? La valeur du hurum, en termes de sécurité alimentaire et de diversité biologique, est-elle supérieure à celle du champ? Il y a là un axe d'investigation éclairant pour une politique d'aménagement du territoire.

  • La juxtaposition des deux usages est possible sinon souhaitable, à condition qu'un schéma d'aménagement du territoire tienne compte de la circulation saisonnière et journalière des troupeaux et d'une autorité susceptible de faire respecter les décisions adoptées.

Les hurum bornés sont généralement respectés par les agriculteurs. Ils permettent aux éleveurs semi-itinérants d'avoir un «terroir d'attache», reconnu par la chefferie, ce qui les rapproche des ruraux sédentaires (accès au marché et aux axes de circulation indispensables à la vente de leurs produits, déplacements moins importants pour leurs femmes, etc.) et participe à leur intégration. Ils n'ont plus besoin de verser des sommes considérables pour défendre ces pâturages.

Régulation foncière par anticipation de conflits et aménagement concerté du territoire

A Touroua, l'action du projet DPGT s'est située à l'échelle d'un district pour pouvoir mettre au point des références méthodologiques nécessaires à la réalisation d'un programme d'aménagement concerté du territoire. Une autre méthode de conciliation entre villages tendant à une forte extension de leur fi nage a été mise au point[28].

L'objectif était de parvenir à l'élaboration d'un schéma d'aménagement de l'ensemble du lamidat en prenant en considération les stratégies de chaque communauté. Ce schéma doit permettre de réguler l'accès au foncier par les migrants, sans nuire ni aux activités pastorales des «autochtones», ni à celles des migrants déjà installés. Il s'agit d'un vaste «chantier de concertation», aujourd'hui assez avancé, qui peut inspirer de futures politiques d'aménagement du territoire à l'échelle provinciale. Ce schéma s'effectue en quatre temps:

  • constitution d'une commission paritaire, représentative des différentes communautés installées dans le lamidat;

  • repérage avec les éleveurs et cartographie des espaces nécessaires au maintien de l'élevage;

  • négociation de l'étendue de ces espaces lors de séances de restitution de ces cartes aux représentants des agriculteurs et des autorités;

  • obtention et enregistrement de consensus sous forme de procès-verbaux avalisés par l'autorité territoriale (chef de district), ultérieurement cartographiés.

Les arbitrages sur le foncier – la régulation des conflits entre agriculteurs et éleveurs – comptent toujours parmi les prérogatives de la chefferie; la commune n'intervient pas sur ces questions. En effet, seule la chefferie et le chef de district disposent de l'autorité nécessaire pour faire appliquer les décisions de la Commission paritaire.

Faut-il pour autant apporter un appui pour une rationalisation de la gestion de l'espace par les chefferies? Faut-il doubler la commune et créer une instance de gestion paritaire du territoire, laquelle serait représentée par les autorités coutumières et territoriales? La démarche retenue, pour l'instant, est la mise en place d'une commission paritaire dont la mission est de:

  • statuer sur les hurum souhaités par les éleveurs;

  • organiser et superviser le travail de bornage des limites des hurum sélectionnés;

  • négocier avec les villages migrants une extension contrôlée de leurs terroirs;

  • participer aux arbitrages lors de conflits entre agriculteurs, et entre agriculteurs et éleveurs.

L'enjeu lié à la création de cette commission paritaire est de responsabiliser les principaux acteurs de la vie socioéconomique de cette unité administrative en matière de stabilisation foncière. Cette commission paritaire est constituée de 12 membres. Six ont été désignés par les agriculteurs et six autres par les éleveurs et pêcheurs. La désignation des membres de la Commission a respecté les principes suivants:

  • L'activité principale: chaque membre doit exercer l'activité du groupe qu'il représente.

  • La répartition géographique: les membres représentent la diversité géographique du territoire de Touroua.

  • La religion et l'ethnie: la composition de la commission respecte les équilibres religieux et ethniques.

En plus des 12 membres désignés, cette commission comprend les principales autorités administratives et coutumières, à savoir: le chef de district, le maire, le laamido, le chef du Centre vétérinaire et zootechnique, le délégué d'agriculture du district et le prêtre.

Les interventions de cette commission paritaire sont trop récentes pour être évaluées. La chefferie semble n'adhérer que très partiellement aux travaux de la Commission foncière car elle est la première intéressée par la gestion des terres. A défaut d'un soutien plus explicite des autorités territoriales et d'un appui extérieur, la Commission pourrait ne plus pouvoir poursuivre ses médiations.

DES QUESTIONS À LA SUITE DE CES EXPÉRIENCES

Commissions paritaires ou médiateurs professionnels?

Ces expériences amènent à s'interroger sur le rôle effectif de telles commissions émanant de la «société civile», qui se positionnent en parallèle aux instances administratives. Pour des régulations viables et efficaces, faut-il privilégier la création de telles commissions pour favoriser une responsabilisation maximale des échelons locaux? Ou doit-on promouvoir l'intervention d'un «médiateur professionnel» intervenant sous contrat avec des institutions locales?

La Commission paritaire a l'avantage d'impliquer les différentes communautés et d'aboutir à une régulation consensuelle obtenue après débats. Elle a pour inconvénient de manquer d'autorité pour faire respecter ses délibérations, et ses membres ne résistent pas longtemps à l'usure du bénévolat. Quand le conflit est trop vif, la Commission éprouve des difficultés à trouver des compromis. Les membres peuvent également se disputer de la même manière que les protagonistes.

Un «médiateur professionnel», initié aux sciences sociales tout en conservant une certaine «fibre» rurale et de préférence originaire de la région, peut être d'une plus grande efficacité, sous réserve de trois conditions:

  • Il doit être officiellement reconnu dans ses fonctions par les administrations territoriales et coutumières, et considéré par elles comme un «relais de terrain». Il doit disposer d'une formation, informelle dans un premier temps, labellisée ensuite. Il est préférable qu'il intervienne pour des questions de développement rural plus générales, ce qui lui confère une capacité de programmer des investissements en compensation de négociations foncières.

  • Il doit être accepté par les communautés opposées, et être d'une objectivité optimale.

  • Le médiateur ne doit disposer d'aucune capacité de décision. Il travaille à la mise en place des conditions de discussion et de négociation entre les gens. Son action est sanctionnée par une commission paritaire ou par une institution administrative déconcentrée qui valide la négociation accomplie.

  • Des réponses pertinentes à ces questions ne peuvent être formulées qu'à la suite d'un travail d'expérimentation institutionnelle, évalué en termes de coûts et d'efficacité par rapport aux dispositifs d'administration foncière existants.

Commission paritaire ou médiateur assermenté sont deux capacités locales de médiation pour lesquelles se pose la question de la pérennité et du financement. Pour être durables, le fonctionnement et les activités des instances locales de médiation doivent faire l'objet de prises en charge financières cycliques. En l'absence ou à terme d'un projet financé sur ressources extérieures, une réflexion collective doit envisager le report financier de cette charge auprès d'instances décentralisées disposant de budgets autonomes.

Coûts et pérennisation des médiations foncières

Qu'il s'agisse d'accompagner la formalisation des transactions foncières, de mettre en œuvre des capacités locales de médiation ou de concevoir des schémas d'aménagement concertés, les projets supportent habituellement le coût des interventions: salaires et déplacements des animateurs, indemnités d'agents recenseurs, levés GPS, édition de cartes, déplacements des membres de la commission paritaire, divers appuis financiers à l'administration locale, etc. Cette incitation financière à la clarification du jeu foncier ne peut se maintenir sans un appui extérieur. Elle se justifie durant la phase expérimentale et de mise au point méthodologique mais, à partir du moment où cette fonction de médiation est considérée par les acteurs comme utile et son coût compétitif, il convient, faute de budgets publics, de transférer les coûts de ce service auprès des usagers ou de leurs instances représentatives.

TABLEAU 1
Coûts pour le maintien du hurum de Laïnde Ngobara

Année

Description du conflit

Décisions des autorités locales

1995

Un agriculteur migrant défriche une partie du hurum

Parcelle abandonnée.
Les éleveurs payent 80 000 FCFA de frais d'arbitrage

1996

Plusieurs migrants d'un village voisin défrichent dans lehurum

Défriche abandonnée.
Les éleveurs payent 50 000 FCFA de frais d'arbitrage

1996

Un Jawro migrant autorise des personnes venues de Garoua à défricher dans le hurum

Défriche abandonnée.
Les éleveurs payent 450 000 FCFA de frais d'arbitrage

1997

Intervention DPGT pour une négociation et un bornage officieux de la zone.
Aucun conflit signalé depuis

Les éleveurs n'ont consenti aucune dépense pour préserver leurhurum depuis cette date

Dans le cas de délimitation des terroirs villageois à Touboro, le coût de l'opération a pu être estimé à près de 100 000 FCFA le kilomètre négocié. Ce coût est à rapporter au retour de la stabilité entre des communautés en conflit et partant, à la résorption de conflits qui auraient entraîné des dépenses considérables. Les négociations pour la délimitation et le bornage d'aires pastorales, dont les coûts induits sont plus difficiles à évaluer, ont également permis de réduire les versements réguliers de sommes importantes aux autorités locales pour régler les litiges agropastoraux.

Le tableau suivant montre les coûts de résolution des conflits dans la première aire pastorale négociée par le projet DPGT à partir de 1997.

Avant la médiation, les éleveurs devaient verser chaque année l'équivalent d'une «taxe d'arbitrage» à l'une – ou plusieurs – des autorités impliquées lors des différents conflits. Dans l'Extrême-Nord, région la plus pauvre du pays, on signale des versements de 500 000 à près d'un million de FCFA par des paysans en faveur des représentants de l'autorité pour parvenir à infléchir une décision et conserver des parcelles d'une surface souvent inférieure à un hectare (Seignobos et al, 1997). Le principe de coûts d'arbitrage n'est pas contesté par les producteurs ruraux, mais leurs montants exorbitants conduisent à un endettement durable, non seulement de l'intéressé, mais de sa famille et parfois de ses alliés. En revanche, les conventions, qui résultent des médiations avec l'ensemble des acteurs, laissent, une fois reportées sur papier, une trace définitive dans le paysage institutionnel local. Les antagonistes peuvent s'y référer et inviter la chefferie à respecter les barèmes de coûts d'arbitrages, moins élevés et connus de tous.

Quand les négociations ont été bien conduites, quand elles sont matérialisées sur le terrain et qu'elles rencontrent le plein accord des autorités coutumières, personne ne remet en question les médiations: les aires pastorales, les démarcations villageoises ou les couloirs à bétail semblent bien respectés. Grâce à ces opérations, éleveurs et agriculteurs réalisent des économies conséquentes. Il serait logique de parvenir à un glissement de la prise en charge financière vers les acteurs concernés et vers leurs collectivités selon des barèmes préétablis.

La question du financement de ces médiations est à traiter avec attention, afin d'éviter d'éventuelles dérives clientélistes des commissions paritaires ou du «médiateur professionnel». L'expérience montre que la collecte bénévole de fonds pour un objet donné ne fonctionne que le temps de présence d'une structure de suivi. L'institutionnalisation d'une ressource financière pérenne doit passer par des cadres fi scaux réglementés. Un fonds de prévention des conflits peut-il être abondé au niveau de la Commune rurale, par prélèvement annuel décidé par la municipalité sur le budget communal? Ce fonds permettrait un financement partiel des commissions paritaires et des médiateurs qui serait également alimenté par une quote-part provenant des parties en conflit et par d'éventuels soutiens financiers extérieurs. Cette contribution financière permettrait aux communes de prendre part de manière pragmatique à la gestion de leur territoire.

L'apport de ressources financières publiques devrait suppléer à ces fonds locaux. L'enjeu est bien celui de la paix sociale, dont la valeur économique, certes difficile à quantifier précisément, est sans commune mesure avec les coûts relativement modestes des interventions visant à désamorcer les conflits. Reste à savoir quelle instance publique, acceptée par les chefferies, aurait les ressources, les motivations et les capacités de gestion permettant de financer durablement ces actions de résolution et de prévention des conflits?

CONCLUSION: UNE RECHERCHE POUR RELEVER LE DÉFI DE LA SÉCURISATION FONCIÈRE

Cette intervention en médiations foncières suscite des questions qui dépassent le cadre du mandat d'un projet de développement tel que le projet DPGT. Indispensables à la conception d'une politique régionale du territoire et à l'orientation des projets de développement rural, ces questions relèvent de plusieurs disciplines et pourraient constituer l'un des axes des futurs dispositifs de recherche. Elles portent sur différents points:

  • une réflexion collective des acteurs sur la valeur comparée des espaces ruraux afin de valider ou d'invalider les postulats sur les performances économiques relatives des activités en situation de concurrence dans la région de la Bénoué. Sur quelles bases effectuer des choix politiques d'incitation ou de limitation de l'agriculture, de l'élevage et de la préservation de la biodiversité? Combien ces activités rapportent-elles? A qui et à combien de personnes? Des considérations non économiques doivent-elles être prises en considération?

  • une meilleure connaissance des institutions locales, sur lesquelles se portent aujourd'hui de gros espoirs en matière de maîtrise d'ouvrage du développement et de régulations territoriales. Qui sont véritablement les communes rurales et les différentes organisations de la société civile? Comment sont-elles perçues par les populations rurales? A quelles conditions peuvent-elles disposer d'un «droit d'agir» en matière de gestion foncière (Rochegude, 2001)? Quelles compétences doivent être renforcées pour parvenir à des politiques de développement territorial pilotées par ces instances? De quelle manière peuvent-elles participer efficacement et équitablement aux instances d'arbitrages et de sécurisation foncière?

  • quelles nouvelles innovations institutionnelles peuvent-être envisagées sur la base des expériences actuelles? Comment parvenir à une mise à jour des réglementations foncières qui tiendrait compte de ces changements dans la gestion foncière? Une capacité régionale de suivi-évaluation et valorisation, sous forme d'un Observatoire régional du foncier, devrait fournir, grâce à un suivi dans la durée des conflits fonciers et de l'effet des médiations, des éléments de conception d'une politique foncière rénovée.

  • Enfin, une recherche-action sur les processus de négociation semble opportune. Il s'agit d'affiner l'existant, de le formaliser en méthodologies adaptées à la diversité des contextes sociaux et institutionnels, en perspective de formation de nouveaux opérateurs et, pourquoi pas, d'un corps de médiateurs fonciers au service des acteurs.

BIBLIOGRAPHIE

Boubou, P. 2001. Pour un droit à la portée de tous. Guide juridique pratique. Commission Justice et Paix/SCAC (deux tomes) + 255 p.

Boutrais, J. 1973. Compétition foncière et développement au nord du Cameroun, la plaine de Mora. Dans Cahier de l'ONAREST. Vol. I, n° 2, p. 53-90. Yaoundé, Cameroun.

Comité diocésain pour le développement (CDD). 1994. Propositions d'aménagement de la législation foncière en République du Cameroun en vue d'améliorer la Sécurité Foncière des jeunes exploitants agricoles. Maroua, Cameroun. 11 p.

CDD. 1999. La terre est pour tous! La question foncière dans notre pays et notre région. Journées diocésaines, Maroua, Cameroun. 32 p.

CDD. 2000. La sécurité foncière, Les papiers de droit de jouissance. Maroua, Cameroun. 14 p.

Daptouta, G. 1995. Les problèmes fonciers dans les localités de Meskine et de Salak. ICY (Institut catholique de Yaoundé). 127 p. (mémoire de diplôme de maîtrise en sciences sociales)

Courade, G. et Sindjoun, L. 1996. Le Cameroun dans l'entre-deux. Politique africaine n° 62: 3-14.

Kone, M., Basserie, V. et Chauveau J.-P. 1999. «Petits reçus» et «conventions»: les procédures locales de formalisation des droits fonciers et les attentes de «papiers», étude de cas dans le centre-ouest ivoirien, Dans Formalisation des contrats et des transactions: repérages des pratiques populaires d'usage de l'écrit dans les transactions foncières en Afrique rurale, Lavigne Delville, P. et Mathieu, P. (coord.), GRET/IIED.

Lavigne Delville, P., Toulmin, C. Et Longbottom, J. 2001. Droits fonciers délégués en Afrique de l'Ouest. Reconnaître et sécuriser les procédures (synthèse). MAE/DGCID, GRET, IIED. 30 p.

Rochegude, A. 2001. Foncier et Décentralisation. Réconcilier la légalité et la légitimité des pouvoirs domaniaux et fonciers. Retour au Foncier, Bulletin de liaison n° 26, p. 13-34. Laboratoire d'anthropologie juridique de Paris (LAJP).

Seignobos, C. 2002. Sortir de l'oralité comme moyen de sécurisation des droits fonciers. Dans Jamin, J.Y. et Seiny Boukar, L. Savanes africaines: des espaces en mutation, des acteurs face à de nouveaux défis. Actes du colloque, mai 2002, Prasac, Garoua, Cameroun.

Seignobos, C. et Teyssier, A. 1997. Enjeux fonciers dans la zone cotonnière du Cameroun. Observatoire du foncier n° 1. Projet DPGT. MinAgri/CFD/FAC. 51 p.

Seignobos, C. et Teyssier, A. 1998. Enjeux fonciers dans la zone cotonnière du Cameroun. Observatoire du foncier n° 2. Projet DPGT. MinAgri/CFD/FAC. 52 p.

Teyssier, A., Seignobos, C., Hamadou, O. et Gondji, E. 2001. Les chefferies du Nord-Cameroun comme dispositifs exclusifs d'administration foncière locale, 23 p. Atelier «Les dispositifs locaux d'administration foncière en Afrique rurale», 12-14 décembre 2001. GRET/IRD, Paris.

 


[15] La sécurité foncière n'est qu'un élément du processus d'intensification: l'accès au crédit et aux intrants, l'existence de débouchés rémunérateurs, la circulation et l'accès aux marchés, etc., sont autant de conditions à l'intensification.
[16] Rassemblement démocratique du peuple camerounais.
[17] Chef peul (pluriel: laamibe).
[18] Chef de quartier.
[19] La reconnaissance de droits fonciers par de «petits papiers» est, dans ce contexte, perçue comme une provocation et une remise en cause de l'autorité coutumière.
[20] Le projet Développement Paysannal et Gestion de Terroirs (1994-2002, financement AFD, maîtrise d'œuvre déléguée à la SODECOTON), a initié de 1996 à 1998 un Observatoire du Foncier. L'Institut de Recherches pour le Développement a été contracté pour la mise en place d'un suivi de situations conflictuelles et pour des travaux de recherche permettant d'interpréter, à des échelles locales, la complexité des enjeux sur la terre. Ces différentes études de cas ont été compilées dans deux documents (Sei-gnobos et al., 1997 et 1998).
[21] En 1994, le CDD les présente dans «Propositions d'aménagements de la législation foncière en République du Cameroun en vue d'améliorer la sécurité foncière des jeunes exploitants agricoles». Maroua. 11 p.
[22] La sécurité foncière: les papiers de droit de jouissance, Maroua, CDD, 2000. 14 p.
[23] Financement: CCCE; maîtrise d'œuvre: SODECOTON.
[24] Société de développement de la culture cotonnière au Cameroun.
[25] Représentants territoriaux du laamido.
[26] Le hurum est un pâturage d'un seul tenant, detaille variable, réservé exclusivement à un usage pastoral.
[27] Ministère de l'élevage, des pêches et des industries animales.
[28] Cette méthode s'appuie sur des cartes à dires d'acteurs. Elle comprend une phase où une carte de l'occupation actuelle de l'espace est présentée aux villages potentiellement en conflit. Une deuxième phase permet de mettre sur carte les projets d'extension agricole de chaque village et de leur montrer les interférences qui apporteront leur litanie de conflits. Une troisième phase présente une carte des espaces négociés où figure 1'emplacement des délimitations entre finages et des bornes qui les matérialisent.

13 novembre 2011

FESTIVAL CULTUREL PODOKO

ENFIN LES IMAGES DU FESTIVAL PODOKO 2010

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GWoda et le Préfét de Mora Friki Albert leurs Majestés Mozogo et Mogba

Le Préfet Friki Albert et le Président du C.O. du Festival SM Mozogo Daouka et André Mogba

S Dr GWODA Président du C

SM.André Mogba Dr. Gwoda Abel, président du C.O.

Hôtesse du festival Podoko Comité d'organisation

Hôtesses du Festival Comité d'organisation du festival

Chef d'armée chez les Podoko Simulacre de guerre chez les Podoko

Un général d'armée Podoko conduisant ses troupes à la victoire

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Une foule bigarrée de tout horizon venue festoyer avec les Podoko

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Rihi temè Parkwa


7 novembre 2011

Un enfant sur trois souffre de malnutrition au Cameroun

D’après une étude de l'Institut national de la statistique du Cameroun publiée lundi 31 octobre 2011, 33% des enfants de moins de 5 ans sont touchés par la malnutrition chronique et 14% d'entre eux par la malnutrition sévère. Des chiffres en recul depuis 2004, selon le ministre de la Santé André Mama Fouda, mais qui restent surprenants dans un pays où le phénomène reste largement méconnu.

D’après les spécialistes, les causes de la malnutrition infantile au Cameroun sont identiques à celles des pays sahéliens. Le manque de nourriture en période de soudure, mais aussi la faible variété des aliments consommés par les populations, notamment le mil et le sorgho, des céréales assez pauvres. Les régions septentrionales du pays, l’extrême Nord, le Nord et la Damawa, soumises aux aléas climatiques, sont en effet les plus touchées.

A la direction générale de la Santé de l’extrême Nord, on explique encore la malnutrition infantile par les mauvaises pratiques dans l’alimentation des tous petits. Alors que le corps médical préconise l’allaitement exclusif des moins de six mois, les mamans les gavent souvent d’eau, ce qui ne couvre pas leurs besoins nutritionnels.

D’après l’étude de l’Institut national de la statistique, plus de 40 % des enfants de 18 à 35 mois, accusent un retard de croissance. Quant à la mortalité infantile, elle culmine à 62 pour mille.

Lire l'article sur Afreeque

afreeque

 
7 novembre 2011

Cavaye Yeguie Djibril dans la promotion de l'éthique chez les jeunes

09 Juin 2011 Jean Francis BELIBI National Politique

 Il n’y avait sans doute pas mieux que le chant de l’hymne national entonné par de jeunes élèves, suivi des trois mots qui constituent la devise du Cameroun pour planter le décor de la Journée de l’Ethique et du civisme, lancée jeudi au Lycée général Leclerc de Yaoundé par le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril.

 

Des emblèmes qui ne pouvaient pas mieux tomber, dans un environnement où, interrogés sur les fléaux sociaux qui minent notre société, et particulièrement le milieu scolaire, les jeunes élèves n’ont pas hésité à sortir des noms, même parmi les plus insoupçonnés « gombo, tchoko, pistache… », à la surprise de l’assistance, constituée pour la circonstance de parlementaires, de membres du gouvernement, d’enseignants et d’élèves. Ce qui n’a pu que renforcer les préoccupations du président de l’Assemblée nationale qui a présenté un tableau peu reluisant de l’image du jeune aujourd’hui « Tout le monde décrie aujourd’hui le déficit d’éthique et de civisme chez les jeunes, le culte de la facilité, le rêve de l’argent facile, le manque de respect des aînés, le comportement irresponsable, l’absence de vertus et l’attrait vers le vice ».

 Des maux qui, s’ils trouvent leur origine dans la société où évolue cette jeunesse comme l’ont relevé le ministre des Enseignements secondaires, Louis Bapès Bapès, et la leçon d’éthique et d’éducation à la citoyenneté dispensée par Adèle Ngo’o Minna, inspecteur pédagogique national chargé de l’enseignement de l’histoire au ministère des Enseignements, secondaires devraient par ailleurs être combattus par une révision de la place de l’éducation à la citoyenneté, pour amener les jeunes à barrer la voie à toutes les formes d’incivisme, qui sont, comme ils l’ont reconnu eux-mêmes, un véritable frein à l’évolution. Pour cela, Cavaye Yeguié Djibril s’est voulu clair « Aujourd’hui, il est impératif d’adapter davantage l’enseignement de l’éducation à la citoyenneté à l’environnement national et international afin de préparer notre jeunesse à faire face aux défis actuels ». Un rôle qui pour le PAN, s’il est en grande partie de la responsabilité des pouvoirs publics, n’en incombe pas moins aux parents. De façon globale, le président de l’Assemblée nationale a simplement proposé une valorisation du sujet du jour « L’enseignement à l’éducation et à la citoyenneté à l’école devrait être valorisé et occupé une place de choix ». Un enseignement qui selon lui devrait être à la fois « théorique et pratique, imagé et régulier ».

Cavaye Yeguié Djibril a ainsi tenu à apporter la contribution de l’Assemblée nationale, à travers le Réseau des parlementaires « Espérance jeunesse » (REJE), à cette lutte contre l’incivisme, aux ministres de l’Education de base et des Enseignements secondaires, en offrant un don de 1 000 manuels scolaires d’éducation à la citoyenneté destiné aux meilleurs élèves des 10 régions du Cameroun. La Journée de l’éthique et du civisme qui se tenait sous le thème « Ethique et morale chez les jeunes : évaluation de l’apport de l’école à travers les programmes scolaires et les politiques publiques », s’est achevée par un atelier d’échanges au palais de verre.

 

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7 novembre 2011

Garoua, le regard rivé sur le palais de verre

02 Novembre 2011 Armand ESSOGO Régions Extrême-Nord (Cameroon Tribune)ct_logo

 Après la prestation de serment, le gouverneur donne, en soirée, une réception à sa résidence.

Le Cameroun inscrit une nouvelle page de son histoire politique ce jour avec la prestation de serment du président éluPaul Biya. Dans la région du Nord, l’événement est sur toutes les lèvres, surtout que les affiches de campagne du candidat du RDPC et de ses concurrents rappellent encore aux populations l’effervescence de la campagne électorale. Normal donc que tout à l’heure, lorsqu’il sera 10 h, les Camerounais de cette partie du triangle national puissent vibrer en phase avec ceux de la capitale politique. Le petit écran aura donc la cote. Si les hauts responsables des services déconcentrés vivront l’évènement dans leurs bureaux, dans les quartiers, on promet de le vivre soit autour d’un verre entre amis soit en famille. On se souvient que tout au long du processus électoral, Garoua a voulu « une victoire sans bavure » du président Paul Biya. Le coordonnateur régional de campagne, Marafa Hamidou Yaya, l’a maintes fois réitéré. Et depuis la proclamation des résultats par la Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel le 21 octobre dernier, les messages de félicitations au président élu sont venus de la Benoué, du Faro, du Mayo Louti et du Mayo Rey. A côté de cette gratitude de la base, les élites et les forces vives ont, à leur tour, donné de la voix à travers un message de félicitations signé du coordonnateur régional de campagne pour le Nord, Marafa Hamidou Yaya.

Hasard de calendrier, la prestation de serment de ce jour, intervient alors que dans les différentes sections du RDPC de la région du Nord, l’on s’apprête à célébrer, avec faste, le 30e anniversaire de l’accession du président Paul Biya à la magistrature suprême. Le Nord ne va donc pas bouder son plaisir de voir tout à l’heure, le processus électoral arriver à son terme, lorsque le président Paul Biya aura pris l’engagement solennel de conduire le pays dès janvier prochain, et ce, jusqu’à la fin du septennat, vers les voies de l’émergence, à travers les Grandes réalisations.

Mais en attendant de se mettre au travail, la prestation de serment sera fêtée dans les quatre départements auprès de chaque autorité administrative. A Garoua, le gouverneur de la région du Nord, Gambo Haman, ouvre les portes de sa résidence, en début de soirée, au corps constitués, aux opérateurs économiques, aux responsables des forces du maintien de l’ordre pour communier avec le président de la République. Les derniers réglages de cette réception ont été peaufinés hier, dans une ville où les populations ont paisiblement vaqué à leurs occupations.

7 novembre 2011

Voyager entre Maroua et Kousseri

4 août 2011

CARNET D’UN SEJOUR DANS LES MONTAGNES

 

Communication particulière:

les propos suivants n'engagent que son auteur

 

CARNET D’UN SEJOUR DANS LES MONTAGNES DE TOKOMBERE ET DE MORA

       La logique de musellement et d’infantilisation des montagnards du Mayo-Sava, savamment orchestrée par les élites de ce département et ce depuis de longues décennies, semble avoir atteint un seuil critique, qui désormais semble embarquer  cette localité dans une aventure sociopolitique emprunte  de conflictualité. La répression dans le sang et l’exclusion quasi-totale des peuples animistes et chrétiens de cette aire géographique, par des élites scellées et liées par un  substrat religieux commun, ont sous l’effet de la récurrence et de l’histoire couvé et éclos les sensibilités revendicatrices, le sens et l’exigence de la justice sociale dans des esprits.

   Plus rien ! Ni les promesses électoralistes d’ailleurs jamais respectées, ni l’invasion locuste des billets de banque et ni le déluge du « bilbil », dont la manifestation n'est justifiable qu'en raison de l'imminence des élections ne pourront  anesthésier les sensibilités critiques de ces montagnards. Même la précarité existentielle quotidienne  ne pourra plus réussir à formater la psychologie sociale et les plonger  dans une amnésie collective,  au point d’oublier ces décennies d’humiliations, assorties de négation absolue et d’inscription systématique en marge de l’histoire. Non !  Aucune alchimie, aucun discours politique ou même philosophique ne pourra plus convaincre cet électorat victime des décennies d’impostures inédites, pour que de façon grégaire, il prête encore le flanc aux marchands d’illusions à la faveur des prochaines opérations électorales.   

   En effet, l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême suivie de sa volonté affichée d’instaurer et de promouvoir la démocratie au Cameroun a été perçue par les Kirdis et notamment les montagnards du Mayo-Sava, comme un véritable espoir de rupture avec un régime Ahidjo, essentiellement exclusif,  qui  les a confinés et  embastillés dans la geôle de l’ignorance, de la servitude et de la négation. Par-delà  sa majorité démographique, ces derniers ont été anonymés et anihilés par les  islamo-mandara sur la scène sociopolitique et économique nationale.  Ces peuples des montagnes qui étaient et restent encore stratégiquement barricadés à la périphérie de la mouvance historique, absolument interdits de faire l’histoire mais de la subir aussi longtemps que possible, sont désormais  exsangues, exténués et éprouvent un terrifiant ras le bol. L’espoir était donc  a priori permis à l’avènement du renouveau.

   En revanche,  l’on réalise après plus de deux décennies que les habitudes ont vraiment la peau dure. Le fantôme de l’autre survit et la logique de domination de la majorité par la minorité islamo-mandara  continue son bonhomme de chemin.  A la seule et triste différence, qu’elle est désormais orchestrée par les fils du terroir qui se complaisent à voir les populations dans le dénuement le plus inhumain, dépourvues des moindres commodités élémentaires d’existence.  Il va sans dire, car cela est manifestement évident, que le printemps de ces peuples, n’aura probablement lieu qu’à la troisième république.

     La stratégie politique d’absorption de la majorité par la minorité, héritée de l’administration coloniale par Ahidjo et qui continue de faire sac sous le renouveau a renversé l’ordre de préséance et de présence  sociopolitiques dans les régions septentrionales en général et dans les monts mandara en particulier. Si la majorité  démographique n’est pas un argument suffisant d’affirmation sociopolitique, l’alignement voire l’abonnement quasi obsessionnel des montagnards au RDPC, assorti d’une fidélité prouvé et éprouvé par le temps et l’espace, devraient, ne fut-ce que par simple conscience de reconnaissance provoquer l’action conséquente des élites.

   L’indifférence à l’égard de cette majorité démographique montagnarde ne devrait se justifier que dans un contexte où cette majorité militerait à contre courant du système  en place. Encore qu’en démocratie la pluralité est une valeur capitale et essentielle. Une construction politique durable et objective ne peut se produire sans l’admission de l’altérité, de la différence politique et sans la reconnaissance et la récompense juste des efforts militants. Le contraire étant, il s’agit dès lors d’une  stratégie délibérée de l’élite locale de maintenir les populations montagnardes dans le labyrinthe de la nécessité et du besoin, dans la perspective d’une exploitation constante, durable et maximale de ces populations devenues vaches à lait.

    Cette situation est d’autant plus révoltante que depuis l’avènement de la démocratie et notamment du pluralisme politique au Cameroun, les islamo-mandara du Mayo-Sava n’ont jamais accordé leurs suffrages au locataire d’Etoudi ou à son parti.

  Les succès engrangés par le RDPC dans ce département résultent donc de façon exclusive des suffrages des montagnards. La preuve c’est qu’après deux décennies de pluralisme politique, l’expérience a montré que lors des opérations électorales, ces élites sont toujours aux abois tant que les résultats des massifs ne sont pas connus.

  Le parti d’opposition notamment l’UNDP, est  régulièrement sorti victorieux  et ce depuis 1992 dans les plaines du Mayo-Sava. « Tous les procès verbaux électoraux sous la période du multipartisme sont unanimes nous révèle d’ailleurs le récent Mémorandum des montagnards dudit département : les voix des montagnes et des montagnards largement en faveur du RDPC ont toujours noyé les voix des musulmans Mandara et Kanouri largement en faveur de l’UNDP depuis les premières élections pluralistes de 1992 jusqu’aux dernières en date du 22 juillet 2007 ». Ainsi, l’on est en droit de se demander comment peut-on  aussi longtemps, très longtemps même abuser d’un peuple sous le regard passif et pratiquement complice de la communauté nationale et internationale.

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