Le Vice Pm et une partie de l'élite musulmane se sont prononcés en marge de la fête du Ramadan

Dimanche dernier, en marge de la fête de fin de mois du Ramadan, le sujet du mémorandum des "Montagnards" chrétiens et animistes a été évoqué au cours de la visite de la délégation de Mora conduite par le préfet Albert Friki du Mayo-Sava chez Amadou Ali et Cavaye Yeguié Djibril. Amadou Ali a dit son indignation. "La publication de ce document m'a profondément choqué parce que ce qui y est écrit n'est pas la vérité. Car, on peut même faire des statistiques. Les ¾ des enfants qui sont dans nos écoles en ce moment ne sont pas musulmans. Alors que chaque année depuis 1989, nous nous employons grâce à l'Ademsa (Association pour le développement pour le Mayo-Sava) à appuyer les populations sans considérations religieuses… " Et le Vice premier ministre d'ajouter : " ceux qui ont écrit, c'est nous qui avons payé leur scolarité, qui les avons poussé à entrer dans la Fonction publique.

C'est nous qui avons fait d'eux ce qu'ils sont. Qu'ils attendent leur tour ! Ce n'est pas nous qui faisons le choix de devenir ce que nous sommes. Je dis cela pour demander à mes frères et sœurs de ne pas se laisser distraire par quelques ambitieux, par des gens qui veulent tout alors qu'ils ne sont rien."

Ibrahim Talba Malla pour sa part explique que " ce qui est pernicieux dans cette affaire, c'est que les auteurs de ce mémorandum sont ceux qui ont bénéficié de l'appui des aînés et qui prétextent aujourd'hui une affaire de religion. Vous comprenez que le retour du balancier est la haine. Et les aînés ont donc voulu passer le message de la paix, parce que, comme vous le savez, les questions de religion ont ensanglanté un pays voisin. Nous ne voulons pas de ces attitudes chez nous."

Même si le mémorandum fait remarquer que, " les montagnards embrassèrent dans leur écrasante majorité la politique du Renouveau et virent en Paul Biya, l'apôtre des pauvres comme Lazare des saintes écritures. Ils espéraient alors des grands changements dans leur quotidien, dans leurs conditions d'existence, dans leurs relations aux autres ", Amadou Ali croit savoir qu'au moment de l'avènement du multipartisme en 1992, " C'est moi qui ai fait le tour des montagnes pour inviter nos frères à se mettre derrière le Président Biya. Et je me souviens que mon interprète était Ibrahim Talba Malla. Nous allions en montagne autour de 22h00 pour rentrer pratiquement vers 05h du matin. Où étaient-ils en ce moment là ? ", se demande le Vice-premier ministre, visiblement outré.

Mais Dakolé Daïssala interviewé dans ces colonnes disait déjà à propos, " ce qu'ils dénoncent comme marginalisation de la majorité dans leur zone est extrapolable sur tout l'ensemble du Nord Cameroun ; dans ce sens que la représentation du Nord Cameroun dans les instances dirigeantes de la République n'a aucun rapport avec l'importance démographique. C'est les autres qui votent pour Biya. Ceux qui votent contre lui ont l'exclusivité des faveurs du pouvoir. "

En tout cas Amadou Ali, reprenant les positions de Cavaye Yeguié et Ibrahim Talba Malla a prévenu : " Nous allons d'ailleurs répondre à cette insulte qui est intolérable vis-à-vis des sacrifices que nous avons consenti. Je suis aussi prêt à discuter avec eux afin qu'ils nous disent ce qu'ils ont déjà fait. Puisque eux aussi occupent des fonctions… ". Allusion brève de ce que le portrait robot des initiateurs de ce mémorandum a été dressé. Mais il reste que dans le fond, les problèmes d'infrastructures scolaires, d'accès à l'eau, d'électrification…soulevés par le mémorandum sont loin d'être contestés.

Dieudonné Gaïbaï, Mutations / Mardi 22 septembre 2009