Grippe aviaire : l'Extrême Nord au coeur de la lutte
Une mission du Minepia sur le terrain à Maroua.
Quartier Mbalgaré à Maroua ce jeudi matin, la température est chaude (40° à l'ombre), les élèves du collège adventiste sont dans la cour de récréation, les populations vaquent normalement à leurs occupations. On ne se gêne point ici de la grippe aviaire qui y a été découverte il y a une semaine déjà. Des poussins errent dans la cour. Haman Tamo 55 ans, chef de famille où le premier foyer de grippe aviaire a été dépisté au Cameroun est assis sous un nimier, entouré de ses fils et petits fils. Il dit expliquer aux nombreux visiteurs qui passent par là, comment on en est arrivé à dépister le virus H5N1 dans sa concession.
C'est au total 43 canards (11 appartenant à Haman Tamou, 14 à Tchang David et 18 à Guedjewé ) qui sont morts du fait de l'influenza aviaire hautement pathogène dans le foyer de Mbalgaré à Maroua. Des chiffres qui ne concordent pas toujours avec ceux annoncés il y a quelques jours par certaines sources officielles. Et depuis lors, aucun cas de volaille malade n'a été signalé dans le secteur et même dans les quartiers environnants. Un constat fait hier par la mission de la brigade nationale de lutte contre la grippe aviaire dépêchée d'urgence dans le septentrion par le gouvernement Camerounais.
La mission conduite par le Dr Bachirou a procédé dans cette localité aux prélèvements sur la volaille encore présente à Mbalgaré et vraisemblablement bien portante. Aussi, des prélèvements sur l'ensemble de la famille de Haman Tamou ont été effectuées dans le dessein de s'assurer de la non contamination des hommes par le virus. Surtout qu'on aura appris la consommation par quelques personnes des canards morts infectés par le virus.
Pour les populations de ce quartier, " nous n'arrivons pas expliquer comment la grippe aviaire a pris ses quartiers à Mbalgaré. Cela fait environ un an que nous n'avons pas acheté des canards ici. Il n'y a pas d'oiseaux migrateurs dans la zone, peut être que ce sont les pigeons sauvages qui nous ont amené ça ici. Ce qui veut dire que toute la ville est déjà infecté par le virus. "
Pour le Délégué provincial Minepia de l'Extrême nord, Enock Maliki, " plusieurs pistes sont à explorer les pigeons, la présence d'un marché de volaille. Mais pour l'instant, ce qui est plus urgent c'est de mettre en place le dispositif qui va nous permettre de contrer la grippe aviaire. "
Des mesures d'interdiction de la vente de la volaille ont été prises sur les marchés de Maroua. Ce qui n'empêche nullement les commerçants à procéder à des ventes clandestines. La ferme du collège Jacques de Bernon de Maroua a procédé cette semaine à la vente aux enchères de la volaille qui y était encore présente.
La brigade nationale a aussi eu l'occasion de faire un détour au parc national de Waza ; considéré par le Dr Vincent Tania (chercheur dans la mission) comme une zone à risque. Les sarcels d'été (oiseaux présents dans le parc) sont en effet des réservoirs du virus et ne présentent aucun signe clinique de la maladie. Le chef de mission de la brigade nationale a remis aux responsables provinciaux de la lutte un lot de matériels constitué de bottes, gangs, pulvérisateurs, cache nez, cache-yeux Ce qui devrait permettre aux dires du Dr Bachirou " de maîtriser la propagation de l'épizootie et surtout de circonscrire au maximum la contamination. " Ce qui ne rassure pour autant pas les éleveurs. Etant entendu que les frais d'indemnisation des fermiers en cas d'abattage de la volaille ne sont pas encore disponibles dans les provinces.