Caricature de Mahomet: l'Union Islamique du Cameroun condamne
Les 12 caricatures, réalisées par un dessinateur dans un quotidien danois en septembre 2005, ont fait couler encre et salive dans le monde musulman. Une flambée de colère qui a fait le tour des mosquées comme une traînée de poudre, multipliant des réactions diverses.
Jeudi 16 février, le Cheik Kabîr Imam Elhadj Moctar Aboubakar, président national de l’Union islamique du Cameroun (Uic) a fait une déclaration concernant “ la caricature diffamatoire sur le Prophète Mouhammad, messager de Dieu. ” Ce document livré hier aux mass médias de Douala précise. “ Conformément aux dispositions de son statut, en son article 14, l’Uic se doit de donner son avis sur les problèmes de l’heure. Notre religion, l’Islam est une religion d’équité et de modération dans sa clairvoyance et sa législation, sa moralité et son adoration. Ses desseins sont purs et dénués de tout abus et violence. Nous avons saisi plusieurs occasions solennelles pour démontrer aux yeux du monde que l’Islam n’est pas une religion terroriste. Il existe des gens qui cherchent coûte que coûte à coller le terrorisme et la violence à la religion islamique. Ces accusations aussi dures qu’injustes portent atteinte au message même de l’islam qui interdit ce genre de pratiques dans les versets coraniques, les enseignements du Prophète (qu’Allah le bénisse et le salue) et le comportement des sages ”, explique le Cheik Kabîr.
Les 12 caricatures, publiées dans ce quotidien danois ont été reprises par de nombreux journaux de par le monde. Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Jacques Lefranc, directeur de France Soir a été limogé par l’actionnaire, le Franco-égyptien Raymond Lakah. Mahomet en caricature, ce n’est pas la première fois. En 2002, Charlie Hebdo a publié un dessin de Cabu montrant Mahomet cigare au bec, un verre de whisky à la main, et un rideau de femmes voilées derrière lui, avec cette légende : “Election de Miss Sac-à-patates : "Je choisis la Belle-de-Fontenay."” Assailli d’anathèmes et de menaces par les associations de musulmans, le journal avait décidé de consacrer à cette affaire une double page dès le numéro suivant. Face à ces caricatures du Prophète, l’imam Elhadj Moctar Aboubakar est formel. “ Nous, leaders religieux avons toujours condamné la violence sous toutes ses formes dans nos sermons et nos prêches. Lorsqu’on s’attaque aux sacrés d’une religion, le Prophète et le livre saint des musulmans (Coran), c’est une déclaration de guerre contre tous les musulmans du monde. Diffamer le nom d’un Prophète ne peut être conforme à la liberté d’expression. Où commence donc la liberté de culte qui implique la laïcité ”, s’interroge l’imam. Une situation très déplaisante pour la communauté musulmane du Cameroun qui par la voix de l’imam Moctar “ condamne avec la dernière énergie ces images caricaturales sur [leur] prophète (paix de Dieu sur lui), publié par une presse danoise et relayée par certains médias occidentaux. ”
Malgré le fait que “ cet acte regrettable ne contribue pas à apaiser les différents foyers de tensions dans notre monde d’aujourd’hui, causé par l’incompréhension, la haine, le manque de dialogue et l’injustice ”, Cheikh Moctar prend exemple sur la cohabitation pacifique entre les confessions religieuses du Cameroun pour lancer un vibrant appel à ses frères et sœurs dans la foi. Il faut “ multiplier plus de prières, être vigilants et ne pas céder à la provocation. Dieu est témoin de tous nos actes. Il règlera le compte de ceux qui s’attaquent à ses élus sans rien omettre ”, tranche-t-il.